Adaptation au changement climatique : Les entreprises ont un enjeu stratégique !

Transition écologique
12.05.2025
Magazine
Hausse des températures, raréfaction de l’eau, vulnérabilité des bâtiments : le changement climatique bouleverse déjà les équilibres économiques locaux. Pour le Comité 21 Grand Ouest, les entreprises doivent s’adapter sans tarder.
Laurine Couffignal, directrice Climat et territoires du Comité 21 Grand Ouest.
Laurine Couffignal, directrice Climat et territoires du Comité 21 Grand Ouest.

Le climat évolue et les effets sont bien visibles. "Ce qu’on observe à l’échelle internationale se constate aussi en Pays de la Loire et donc en Sarthe !", souligne Laurine Couffignal, directrice Climat et territoires du Comité 21 Grand Ouest. Cette structure multi acteurs réunit entreprises, collectivités et citoyens autour de la transition écologique. Elle est à l’origine du GIEC des Pays de la Loire, groupement de scientifiques créé pour objectiver les effets du changement climatique à l’échelle locale et proposer des leviers d’action. "Les indicateurs montrent que la hausse des températures s’est accélérée depuis les années 1980 et l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée. 

À horizon de dix ans, la température augmentera d’environ un degré par rapport à la période de référence 1976-2005, quel que soit le scénario. Les jeux sont faits. Il faut s’adapter." Pourtant, 68 % des dirigeants de PME et ETI ne considèrent pas cette adaptation comme une priorité, et seuls 12 % ont un plan d’action. De plus, 60 % ignorent les dispositifs d’accompagnement et de financement disponibles (1). 

Pour les aider, les CCI lancent un programme dédié pour se mobiliser sans tarder. Car les entreprises subissent déjà des effets : "La canicule de 2003 va devenir la norme d'ici à dix ans. Cela impacte l’organisation du travail, la logistique, la production. Il devient stratégique pour une entreprise de se poser la question de la continuité de son activité", rappelle Laurine Couffignal. En Sarthe, certains risques sont identifiés comme le retrait-gonflement des argiles qui peut provoquer des fissurations sur les bâtiments. À cela s’ajoute la question de l’accès à la ressource en eau, du stress hydrique et de la vulnérabilité de certains emplois à ces changements.

Comprendre pour agir efficacement

En complément de l’Ademe et de la CCI, le GIEC des Pays de la Loire fournit des données locales, disponibles en ligne. "Les dirigeants réagissent beaucoup plus quand on leur montre les données pour leur bassin d’emploi ou leur communauté de communes. Cela rend les enjeux concrets." Un deuxième rapport identifie des leviers d’adaptation et d’atténuation pour quatre secteurs clés : transport, aménagement, industrie et alimentation. Les recommandations : "réaliser un diagnostic de vulnérabilité par filière, repenser les usages de l’eau, adapter les conditions de travail, mais aussi réinterroger les chaînes de valeur", détaille Laurine Couffignal. 

Dans le domaine industriel, l’approche "produire moins mais mieux" est mise en avant, via l’économie circulaire, l’écoconception ou les technologies low-tech. "Il est aussi possible de réduire la consommation énergétique en valorisant la chaleur fatale, en optant pour l’hydrogène vert ou le biogaz, ou en limitant les sources lumineuses inutiles. Ce sont des solutions accessibles pour beaucoup d’entreprises".

Vers une mobilisation collective !

Le Comité 21 Grand Ouest insiste sur la nécessité de croiser expertises scientifiques et retours de terrain. "Sur nos travaux en cours (2024-2026), nous intégrons directement des entreprises dans nos groupes de travail : ressource en eau, vulnérabilité socio-économique, impact sur les métiers du tourisme et de l’alimentaire", précise Laurine Couffignal, pour qui la mobilisation collective peut changer la donne : "les différents scénarios montrent qu’il est encore possible de contenir les effets du changement climatique. Les entreprises ont un rôle stratégique à jouer. Non seulement pour assurer leur pérennité, mais aussi pour participer activement à la résilience de leur territoire."

Élise Pierre

(1) Enquête Bpifrance/Le Lab, décembre 2024

 

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