Site web éco-conçu : Comment engager votre entreprise ?

Développement commercial
13.05.2025
Magazine
À l’heure où le numérique représente près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, concevoir un site internet de manière responsable devient un véritable enjeu. L’écoconception numérique, encore méconnue, ne se limite pas à réduire la consommation énergétique. Quels leviers activer ? Luc Canaguier, référent numérique responsable chez Sopra Steria nous éclaire.
Luc Canaguier, référent numérique responsable chez Sopra Steria.
Luc Canaguier, référent numérique responsable chez Sopra Steria.

"L’objectif de l’écoconception est de réduire les impacts environnementaux d’un service numérique, tout en maintenant un niveau de service équivalent", explique Luc Canaguier, référent numérique Sopra Steria sur le service public, qui rappelle que "le numérique responsable va bien au-delà du green IT". 

Derrière l’apparente "dématérialisation" du numérique se cache une matérialité très concrète : serveurs, terminaux, réseaux, data centers… "sans oublier l’extraction des matières premières, leur transport et leur usage jusqu’à la fin de vie". Pour Luc Canaguier, "chaque clic repose sur une infrastructure physique complexe. Pour évaluer son impact, il faut raisonner en cycle de vie complet, pas uniquement en empreinte carbone…"

La question de l’usage

La première étape d’une démarche responsable ne relève pas du code mais part d’un questionnement du besoin. Est-il pertinent de développer un service utilisé par 2 % des visiteurs ? Cette vidéo est-elle indispensable ? "Souvent, la meilleure ligne de code éco-conçue est celle qui n’existe pas", résume Luc Canaguier qui challenge ses clients en ce sens dès le début du projet. 

Une fois les besoins clarifiés, place à l’action. L’écoconception repose sur des dizaines de bonnes pratiques, dont voici les principales :
- Approche "mobile first" : penser d’abord pour les petits écrans. 
- Limitation des ressources : images allégées, vidéos en option à télécharger.
- Polices standard : éviter les polices à télécharger qui alourdissent le site.
- Navigation optimisée : raccourcir les parcours utilisateurs, simplifier l’arborescence.
- Compatibilité : composants standards pour éviter l’obsolescence logicielle.
- Mises à jour raisonnées : distinguer les mises à jour de confort des mises à jour de sécurité.
Chaque optimisation technique (CPU, mémoire, bande passante) peut prolonger la durée de vie des équipements côté utilisateur… et diminue les déchets numériques. À condition de bien intégrer les effets rebonds !

Mesurer et améliorer en continu

Un site peut être écoconçu même après sa mise en ligne. Grâce à des outils d’analyse, on peut alléger des pages, supprimer de contenus peu consultés, revoir les parcours de navigation… "On peut supprimer ou déplacer certaines fonctionnalités peu utilisées. Ce n’est pas de la privation, c’est de la pertinence", précise l’expert.
Au-delà des aspects techniques, l’écoconception touche aussi à des questions sociales, politiques et éthiques : extraction des métaux rares, surconsommation de matériel…. "Peu de développeurs sont encore formés à ces sujets, mais cela devrait faire partie des compétences de base, au même titre que la sécurité ou la performance". Écoconcevoir un site internet, ce n’est pas juste faire un site "plus léger" mais "adopter une posture de sobriété dans toute la chaîne de conception et de développement, depuis le besoin initial jusqu’à la mise en ligne". Pour l’entreprise, les bénéfices sont multiples : performance, image, conformité… Un numérique plus frugal, plus intelligent, porteur de sens qui valorise notamment votre marque employeur !

Élise Pierre

 

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