Apprentis en mécanique : Redonner vie à une Léon Bollée de 1912

C’est une opportunité que Xavier Rousset, formateur au CFA CCI Le Mans Sarthe, n’a pas laissée passer. "On a eu une proposition du musée automobile des 24 Heures du Mans pour récupérer une Léon Bollée de 1912 à remettre en route ! On a saisi cette chance pour intégrer ce véhicule exceptionnel dans nos ateliers", explique-t-il avec enthousiasme.

Ce modèle centenaire n’est pas un simple objet d’étude : il est un morceau d’histoire roulante, profondément lié à l’héritage industriel et culturel de la région mancelle. Francis Piquera, ancien directeur du musée, retrace le parcours de ce véhicule emblématique : "La voiture a circulé au Mans dans les années 50, notamment en 1957 pour les 50 ans de l’ACO. Rachetée par Jacques Dorise, élu local et passionné d’histoire, elle a été confiée au musée et restaurée en 2008 pour commémorer les vols de Wilbur Wright (1). Elle y est restée conservée depuis. Le Conseil départemental l’a finalement rachetée pour qu’elle reste sur notre territoire."

Cette initiative permet aux apprentis non seulement de découvrir une technologie ancienne, mais aussi de mieux comprendre l’évolution de l’automobile à travers les âges. "Ce genre de projet est une vraie fierté, confie Kerlann Le Foll, apprenti en mécanique. On n’a pas l’habitude de voir une voiture comme ça et encore moins de travailler dessus."
Son camarade Maxence Roussel partage cette ferveur : "C’est un véhicule historique ! Participer à sa remise en route, c’est vraiment une occasion unique."

Une pédagogie par le patrimoine

Pour Xavier Rousset, le projet ne vise pas seulement à renforcer les compétences techniques des jeunes, déjà solides. "Ce qu’ils vont acquérir ici, c’est une compréhension plus fine de l’histoire de l’automobile, du fonctionnement de ces véhicules anciens et des techniques de remise en route."
Le travail sur une voiture aussi ancienne amène à côtoyer une mécanique d’une simplicité trompeuse. "Il y a peu de véhicules d’avant 1914 qui roulent encore aujourd’hui, rappelle Francis Piquera. C’est une chance pour les apprentis d’entrer en contact direct avec cette époque, de ressentir les sensations que procurent ces mécaniques anciennes."
 

L’expérience laissera des traces durables. "Comprendre comment démarrait un véhicule il y a plus de cent ans, c’est une leçon de mécanique, mais aussi d'histoire sur notre patrimoine industriel local ", conclut Xavier Rousset.

Maryse Gautier

(1) Une voiture Léon Bollée du même modèle tirait l'avion de Wilbur Wright en 1908.